Toroella de Montgri, Catalunya, septembre 2009
Ils ont assisté au gigantesque saccage, se sont rendus complices du drame, grisés par les richesses promises à grands frais. Il aurait suffi de peindre le bord de mer en blanc béton pour faire jaillir tout l’or du monde. Maintenant ils vieillissent plus pauvres qu’ils ne l’étaient à leur naissance, dépossédés de la terre que leur avaient léguée leurs ancêtres, avec pour seule ligne d’horizon la ligne de crédit de leurs enfants et petits-enfants.
On a construit trop de châteaux en Espagne. Et ceux qui les vendent, hier sans foi ni chapelle, n’ont plus d’autre choix aujourd’hui que de se cramponner au miracle. Dans les moindres pueblos tout emmêlés de lignes électriques et encombrés de poubelles, le prix des appartements neufs continue de flamber. Mais le prix n’obéit plus à la loi de l’offre et de la demande. C’est le prix du mirage : la moitié de ce qu’on a bâti l’année dernière ne trouve toujours pas preneur.