Monument Valley, Arizona, août 2009
Ces falaises ébréchées n’en ont plus pour longtemps. Quelques milliers d’années à peine – un grain de mica pour l’éternité minérale. Et l’on vient de loin pour contempler ces délabrements! La pourriture de la roche fait sa splendeur. De la vétusté à la vénusté, il n’y a qu’un soupir d’émerveillement.
La fascination pour les déserts et les ruines n’a d’égal que notre complaisance pour les vieilles tendresses mortes, vous savez, ces romances qu’on a vu prendre d’assaut nos paisibles arpents et que les bourrasques du ciel, inlassablement, pétrifient et puis rongent. Le sable gisant au pied des falaises est leur propre chair, défaite, éparpillée, égrainée par le silence froid qui souffle après la dernière lettre. Quelqu’un nous oublie parfaitement, et tout s’effondre, et tout est beau.
« Maintenant Je sais pourquoi tant d’hommes se sont arrêtés pour pleurer A mi-chemin des amours mortes et cherchées Et se sont demandé si le voyage les conduisait quelque part – Les horizons gardent la ligne douce de ta joue, Le ciel venté fait une boucle pour tes cheveux. » (Leonard Cohen, Travel)