Vers Sesriem, Namibie, juillet 2003
Que va-t-il germer de là-bas ? A quels esprits arides les bonnes volontés devront-elles faire face ?
Quelles que soient les spéculations autour de la responsabilité humaine du dérèglement climatique, le sujet du réchauffement reste fascinant à disséquer. Il nous rappelle la dimension finie de la Terre et révèle à la portée de tous l’intrication profonde de tous les phénomènes qui la traversent, depuis les suicides au bureau jusqu’à la déforestation programmée de la Papouasie. Par Copenhague et les médias qui s’en font l’écho, la Terre s’affiche enfin telle qu’en elle-même dans l’esprit de chacun : un objet cosmique indépassable et cependant vulnérable, aux équilibres non cessibles, pourvoyeur de richesses infiniment supérieures à celles que traduit le PIB.
Nous voilà face à nos responsabilités. Chaque pays pourrait repartir de Copenhague aussi gaiement schizophrène qu’il était arrivé, avec ses chiffres, ses promesses de don, son petit pourcentage autorisé et ses projets de plantations de palmiers à huile ou de port méthanier encore intacts. J’ose espérer que cet énième sommet pousse plus haut l’envie de partager unanimement une seule et même vérité : la vie est le miracle de l’univers. Qu’elle est à célébrer sans attendre, sous toutes ses formes, par nous tous, collemboles, primevères et orangs-outans, et par tous ceux qui viendront s’asseoir sur la colline après nous.