Muntanya Gran, L’Estartit, Catalunya, février 2010
Pour capter le rire de ces fleurs, je me suis couché de tout mon long contre la terre. Je l’ai sentie bouger sous moi : chaleur accueillante, rondeur remuante de galets et pleine d’odeurs. Chaque frisson provoqué par mes mouvements s’amplifiait avec la caresse du vent. Ivre de douceur, j’ai prolongé ce contact bien au-delà du temps nécessaire à la prise de vue. Cette sensation m’a rappelé l’idée de Spéranza, la terre fécondée par le Robinson de Michel Tournier, dans Vendredi ou Les Limbes du Pacifique. Une première étreinte, panthéiste, qui doit en appeler d’autres : « Apporte à ta chair un peu plus de couleur et d’ardeur », écrivait André Gide à Nathanaël, dans les Nourritures Terrestres. Tant de cordiales corolles ont des corollaires. Boire de sa propre soif le lait miellé que le matin nous verse. Accomplir chaque jour les actes de notre vie comme un enlacement inlassable. Accepter le destin dans sa sensualité la plus offerte. Féconder doucement l’avenir avant qu’il ne file trop vite. Et dans le reflet de ses yeux, s’étonner davantage de vivre.
Les leçons du printemps à naître ?