Trujillo, Extremadura, avril 2010
Une main fragile glissée dans la sienne. Jusqu’où la porter, pour lui confier quel message final? L’enfant s’apercevra-t-il de l’instant où il sera seul sur le chemin? Fera-t-il beau dans ce jour plein de changements? L’horizon sera-t-il suffisamment dégagé pour suivre le vol d’une hirondelle? Quelles sèves resteront dans ses racines, quels rayons descendront couronner son front? Fera-t-il semblant de tout oublier?
Nous tenons longtemps ceux qui nous ont portés, même quand ils ne sont plus là. Et il nous semble un peu les accompagner à notre tour, bien après nos étés blonds d’insouciance, sous les arcades d’un chagrin d’amour, le long des voies bitumées malgré nous, quand subrepticement une main fragile s’est accrochée à la nôtre. La vie ne change pas si vite ceux qui pourront se souvenir et transmettre. Serons-nous toujours un peu ce que d’autres furent avant nous, quelque part sous l’écorce du temps?