Tazlau, chez Angelica et Septimiu, Moldavie roumaine, juillet 2010
On a connu des jours meilleurs. Plus gaillards, plus remplis d’espoir, c’est sûr. Je me suis souvent demandé si les souvenirs de bonheur pouvaient éclairer les heures sombres. Si les sourires grappillés entre deux peines pouvaient remettre un peu de chaleur dans l’âtre humide. Mais au fond, de quels sourires parle-t-on? Dans l’album d’hier, les pages qu’on tourne encadrent un rai de douceur, celle-là même dont nous ne parlions pas de peur qu’elle ne s’échappe trop vite. Mais le soleil n’a jamais brillé qu’à travers quelques vignettes, jolis instants fugaces qui ouvrent un peu le ciel avant d’autres bourrasques. « Le soleil est rare, et le bonheur aussi« , valsait Gainsbourg dans les bras de Melody. Alors je ne sais pas comment nous surmonterons les choses qui se passent ici, toujours un peu plus graves, là-bas aussi, un peu partout. Je ne sais pas avec quelles forces de quel passé nos pas trouveront le bon chemin tous ensemble, sans plus ni fatigue ni cahot. J’ai beau chercher dans les journaux, je ne vois pas, non, à part les bourses qui remontent. Alors tant qu’à les laisser remonter, ce soir j’irai fouiller dans tes cheveux.
« Parure, vivante, brièveté changée en parure, fragilité faite parure » (Philippe Jaccottet, Les Pivoines)