massif de Belledonne, Isère, 29 mai 2011
Ma thébaïde est une trompette qui joue du ciel en toutes saisons. Elle s’ouvre et se ferme au gré des palpitations du monde, me protège des impatiences et me libère des agitations pour rien. Au fond d’elle règne un calme absolu qui n’obéit qu’au temps que je lui donne. Ce n’est plus le temps des calendriers qu’on effeuille ni celui des obligations et des échéances, c’est juste le temps d’être soi. Ma tanière d’azur m’offre le confort nécessaire pour croire à ma brève existence, à sa fugitive consistance. C’est là que j’entends le mieux le chant de vivre. C’est le bruissement de mon propre sang, la peau de ma mémoire frottée à un sentiment d’immortalité provisoire.
« Nul ne saute par-dessus son ombreNul ne saute par-dessus sa source
Nul ne saute par-dessus la vulve de sa mère. »
(Pascal Quignard, Les Ombres Errantes)