Kithulgala, Sri Lanka, août 2011
Ces jours ont un goût différent et l’odeur qui me monte des souvenirs de cet été n’est déjà plus la même. La pluie serrée qui tombe depuis deux jours sur les Alpes va, je le redoute, blanchir les sommets. Une trahison du ciel, un premier symptôme de l’amnésie de l’automne, cette saison qui transforme tout ce qu’elle touche en choses molles et malades. La pluie s’acharne à découdre les images et les sensations que j’avais tressées au fil des joies et des découvertes. On croit toujours réussir à rapprocher les latitudes en rentrant de voyage, avec la certitude intransigeante que le monde brille d’un même éclat sous le même soleil. Cette illusion dure ce que dure l’été, avant le basculement climatique et le carrousel infernal des semaines et des mois encroués au labeur. A chaque fois que je rouvre le carnet de notes prises là-bas ou les photos, je mesure un peu plus la distance qui me sépare de tous ces pays. Autant de mondes que je n’aurai finalement que frôlés, dans un accoutrement d’observateur amical que vu d’ici, je trouve à présent dérisoire. Spectateur engagé peut-être, mais alors provisoire, violemment ramené à la culture du fauteuil.