Peupliers vers Alixan, Drôme, octobre 2011
La rudesse du froid ce soir ne passera pas la porte. Et le vent qui balaie tout s’arrête à mon écorce. Je peux plier tu sais. Cette solitude qui menace, l’hiver, le clou, le plomb, la glace, c’est encaissé.
Les souvenirs changés en torches pour attiser les écorchures, les coups de canifs, les encoches ne gagneront pas ma ramure. Je peux plier.
La lenteur des lunes comptées et les éclipses du sommeil, les paquets de corbeaux perchés qui croient faire de l’ombre au soleil : je m’en bats la feuillée.
La cognée de tes silences n’atteindra pas le cœur. Car je suis du bois dont on fait les fuites. Je sais me tailler dans les plaines à chaque automne un peu plus vite.
Tu peux toujours, si ça te branche, dire que c’était plié d’avance : rien ne remue à mon houppier. Je peux plier. Et te voilà contreplaquée.