environs de Saou, Drôme, octobre 2011
On perd le goût d’aimer les gens de la même manière qu’on perd le goût d’aimer simplement les choses : en accumulant le vide et l’eau. La herse a pris la rouille, le soc a touché le roc. Quand la terre du cœur n’est plus assez travaillée, la sève ne vient plus aux tiges et le grain de sourire ne se remplit pas. Alors les oiseaux volent ailleurs. Passe l’amour comme un nuage et ce que nous en savions.
Et pourtant rien ne se termine vraiment. Les années ondulent plus qu’elles ne s’écoulent. Ce qui a disparu dans les creux des vagues de l’automne revient un peu plus loin sur les crêtes des vagues de l’automne d’après. L’espace qu’elle a laissé dans mon courtil est toujours libre. Et le vent qui vient rôder parfois dans le chèvrefeuille ramène la musique indémodable de ses printemps.
Max Richter - November