Panier d’Oronges (Amanita caesarea) sur brasier de Cotinus, Drôme, le 25 octobre 2012
Le souvenir comme une flamme, qui court sur la grande pente de l’automne.
Ce matin déjà le jour s’enfuyait derrière les toits. J’ai vu le jardin bleuir sous les bouffées de buis, d’un bleu blème et froid semblable au bleu qui pare les mâchoires de décembre. D’un revers de chandail, l’hiver se trahit.
Et je repense à tout ce que nous n’avons pas su nous dire. Aux mots effondrés sur nos lèvres quand la passion écrasait tout – comme des fruits de soleil dont je perds le goût à chaque nuage.
Reprendre le chemin de la solitude, dans ses craquements étouffés. Egayer son corps avec la poésie d’un vin vieux et un peu de lune sur les premiers carreaux de givre. Laisser l’incertitude s’éprendre de sa paume en creux – lac, puits, ciboire. On ne croit plus en rien – on espère simplement que tout ira, que tout va, dans l’inquiète lumière du monde.