Cacatoès corellas (Cacatua sanguinea) au couchant, parc national de Kakadu, Australie, août 2007
– Je resterai partout où je suis passée, partout où j’ai aimé, même trop vite, même si peu. De mes nuages je vois nos souvenirs comme des paysages où les fleurs poussent encore.
– Reviendras-tu les respirer avant qu’elles ne fanent? Là où tu es passée, les saisons passent aussi. Ton souffle va manquer à mes corolles.
– De là où je me tiens désormais, les grands immeubles ne cachent plus l’horizon. Je vois ton jardin au présent, je le vois aussi de l’autre côté du monde, refleurir dans tous les printemps. Je t’assure, tu n’as plus besoin de moi pour faire gonfler les prés. Laisse la pluie tomber, laisse gémir le vent et flamber le soleil. La beauté des choses à venir vaut la beauté de notre histoire, elle est à revivre en chaque avril.
– Mais nous sommes en octobre : nous n’en avons jamais été aussi loin!
– Alors écris, écris encore. Joue dans la poussière dorée des jours vaincus. Et ne te presse pas trop de voir le temps filer plus vite : l’impatience ne réussit pas aux étoiles ni à la lune. Garde chaque avril comme un chant neuf, comme une surprise, au détour de l’encre, au bout de l’inattendu. D’ailleurs, ne m’avais-tu pas croisée là?