Tam Coc, région de Dinh Binh, Vietnam du nord, août 2012
Kenh Ga, village d’eau et de pierres, aligne ses maisons basses au fil d’un fleuve plutôt mou aux infinies ramures qui s’enlacent entre des mamelons calcaires rongés de jungle. La barque est le seul moyen d’aller « liker » ses copains d’en face : c’est la bicyclette des enfants, et aussi leur cabane sur la vase voyageuse. Les gamins manient la rame en frappant l’eau comme un métal à fourbir. Cette eau qui les encercle étrangle leur destin : ils vivront de pêche et de riz, comme il y a des siècles, sans vraiment se soucier du fracas des villes. Quand un touriste un peu perdu les frôle, leur visage se rembrunit ou bien se desserre jusqu’au rire qu’on dirait presque moqueur. De ce monde aux joints mal calfatés, que savent-ils que je ne puis comprendre? Un signe de la main sous le ciel à peine entrouvert. Une barque passe.