Gardeboeufs ibis (Bubulcus ibis), Petulu, Bali, août 2013
Près d’Ubud, la capitale culturelle de Bali, un petit village anodin s’éprend chaque soir d’une incroyable fièvre emplumée. Une demi-heure avant le coucher du soleil, des milliers de hérons et d’aigrettes affluent des rizières autour pour s’installer dans les arbres qui bordent la rue principale. Nul ne sait pourquoi tant d’oiseaux ont élu domicile spécialement ici, alors qu’il reste encore de nombreux sites sur l’île autrement plus propices pour les accueillir. On songe forcément au célèbre film d’Hitchcock en assistant à l’arrivée tumultueuse des oiseaux qui tournoient juste au-dessus des passants, hésitent, s’abattent, se perchent, redécollent et reviennent dans une fureur de cris et de prises de becs, jusqu’à ce que la nuit les apaise tout à coup. C’est d’ailleurs peu après la sortie des Oiseaux sur les écrans que ce phénomène a pris naissance. Voici plus de cinquante ans que Petulu fait le spectacle tous les soirs et sans relâche, sa manière à lui d’agiter un peu de théâtre pour résister à l’hégémonie de sa grande sœur Ubud.