Août 2014
Monde paradoxal. D’un côté, la technologie accélère cette soi-disant mobilité. Ce fameux réseau rapproche dans un mouvement brownien les petits atolls individuels. Il n’a jamais été plus facile de voyager vers l’inconnu. Une simple connexion électromagnétique et hop! le tour est joué. De l’autre, la ville apparaît toujours plus compacte, amnésique et rigide, où les immeubles s’emboîtent et se serrent comme des Lego et font écran à toute preuve de vie. Ici nous sommes joignables à tout bout de champ. Et pourtant nous ne sommes plus tout à fait visibles. Les rares personnes croisées à Dubai, lunettes noires, vitres fumées et smartphones, s’engouffraient bien vite derrière les imposantes cathédrales de béton. Personnages insaisissables, presque illusoires, dans un décor de cinéma. C’est ainsi que l’illusion technologique d’aller plus facilement vers les autres se fracasse sur les murailles de la solitude urbaine. Et Dubai, outre-ville retranchée derrière sa grandiloquence moderne, ne partage rien que son sable, un sable d’or peut-être, mais grésillant sur toute la ligne.