Cape Aghulas, 15 août 2014
Où logerons-nous les souvenirs, quand nos maisons inconscientes auront été comblées de ciment? Où faudra-t-il aller fabriquer notre mémoire, si partout les rêves se retirent et que fanent les fleurs d’écume? A qui raconter plus tard l’histoire de ces deux fous de Bassan qui s’étaient ligués contre l’uniformité du ciel, jamais très jour ni tout à fait nuit? Et quelle sensation sera finalement partagée après tous ces voyages perdus loin du monde – qui nous résigne aux pierres et aux ombres ?
Questions parmi d’autres, consignées à la toute pointe de l’Afrique dans un carnet sans ligne, où le décor signait un tableau comme de Hopper.
« C’est là que je connus le vrai goût de moi-même; c’est là que fut moi seul, dont je n’ai rien donné. » (Jules Romain, Odes et Prières)