portraits de Cuba, regards (#4)
Santiago de Cuba, août 2015
Elle attend et son regard s’impatiente un peu. Sa bouche dessine une résignation ancienne, de l’impatience déçue. Elle a dû attendre longtemps, peut-être toute sa vie. Cette image a été prise devant un arrêt d’autocar abandonné. Les autocars à Cuba, c’est bien connu, ne sont jamais à l’heure. Leurs horaires ne tiennent pas compte de la vétusté toussotante des véhicules. Les temps de trajet affichés oublient les virages étroits, les routes déchaussées, les dénivelés abrupts. Elle a cru que les routes seraient un jour réparées. Elle a cru au printemps de la révolution, à l’éternel matin du monde, à la rencontre avec l’horizon. Cela fait trop longtemps qu’on lui fait croire, elle ne croit plus. Mais elle attend, parce qu’attendre, c’est vivre encore.