Une année presque sédentaire en apparence. Une année à creuser les mêmes sillons d’ici-haut, riches de beautés que d’anciennes turpitudes avaient failli masquer. Tout ce printemps commencé dès janvier, j’ai mesuré ma chance de vivre par ici, un pas plus heureux devant l’autre sur ces montagnes là que rien n’avait dénaturées. Montagnes maintenant dissoutes dans la brume de l’été, bientôt célébrées par des hordes de visiteurs (et il en faut, venez, les gens, les Alpes sont magiques). La première vague de chaleur dauphinoise a réveillé mes élans de fugue et de moiteur d’ailleurs. Lentement les tableaux coulissent sur l’arrière-scène. Mon ami Kumar me demandait avant-hier si nous allions nous revoir enfin cet été, chez lui en Inde. Dans les deux ans qui viennent, promis. Sur la carte du monde, nous ne serons pas loin, séparés à peine par des jungles insondables et quelques fleuves gonflés de mousson. Je m’attends à un peu d’Inde d’ailleurs, aux mêmes klaxons de liberté nouvelle, à la même ferveur aux portes des temples parfumés. J’espère un peu de quiétude aussi, des sourires immobiles en écoutant tomber la pluie, du thé tiède au fond des tasses ébréchées. J-29, les martinets passent en bandes bruyantes devant la fenêtre ouverte sur le crépuscule. Il est plus que temps de préparer ce voyage.