Elle parcourait les forêts, les bosquets, les taillis, avec cette légèreté que les libellules lui disputaient vers midi, quand les ailes réchauffées juste assez par le soleil propulsaient les insectes d’une tige à l’autre sans effort. Dévalant les collines embroussaillées, elle plongeait ensuite dans les sombres futaies, se cachait de temps en temps derrière un pin noir, et seul le mince halo de lumière qui l’entourait continuait d’indiquer sa présence. Quand elle réapparaissait, c’était les yeux baissés et les mains jointes qu’elle portait à ses lèvres comme pour boire la sève recueillie sous l’écorce. Si vous aviez réussi à la suivre jusqu’ici, elle gonflait ses joues et soudain une pluie de pétales brillants jaillissait d’entre ses doigts pour vous éclabousser d’or.
Photo : Châtillon-en-Diois, Drôme, octobre 2016