à part soi

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retard à l’arrivée

On traverse le monde comme on traverse une journée, cueillant des lumières et des parfums, récoltant les anecdotes souriantes ou bien déçues, épiant les gestes simples de tendresse et d’agacement, guettant la promesse de l’univers réconcilié. On se prête au rêve d’un travelling d’humanité sans faux raccord, des mêmes doux chemins tout au fond des visages scrutés. Le rêve de n’être qu’un, loyal, joyeux et bon, dans le multiple. Pour finalement, tout près du soir, s’apercevoir qu’aucune image, aucun portrait ne se déjouait de la mélancolie, fût-il capté dans le gai tintamarre d’un compartiment rouillé. D’où qu’ils partent, nos trains de vie sont incapables d’arriver à temps pour le bonheur. Et dans le regard des autres, nous resterons les photographes de notre propre solitude.