Tremble-brize (Briza media), Trièves, juin 2010
La trace de ce que l’on éprouve à chaque instant de nos vies semble précieusement gardée par les plantes. Ecumant les lisières, foulant les prairies, on s’aperçoit que chaque fleur contient nos voyages intérieurs, nos erreurs, nos moments d’abandon, nos joies profondes. Les corolles retiennent nos intimes poèmes comme des insectes ivres de pollen.
La Nature est un journal aux longues lignes que des mains parcheminées ont à glisser dans le cartable des élèves buissonniers.
Juin sonne l’heure de l’éclosion, de la profusion, de l’essaimage. Quelques cueillettes attentives du regard pour rassurer ou rectifier le geste au jardin, bouturer le bonheur, élaguer les chagrins. Contempler sans arracher. Plus tard, bien plus tard, sous les dernières feuilles amassées, on s’autorisera à mâchonner un brin de pénombre ou un pétale de plaisir en souvenir des temps de vigueur. Ce sera l’époque du recueillement.
(merci à Jibé pour ses précieuses connaissances botaniques sur le perron de l’Obiou)