Targu Secuiesc, Roumanie, juillet 2010
Dans sa tentative d’uniformisation des âmes, le totalitarisme communiste a fait aligner des blocs de béton servant de lieux d’habitation, tous les mêmes, sur les artères principales de chaque bourg. Peu de communes ont finalement échappé à cette architecture. Beaucoup de villes ont même dû se résigner à rayer leur histoire d’un long trait gris, l’administration de Ceaucescu s’étant littéralement acharnée à détruire les monuments et les édifices trop symboliques d’un riche passé.
On aurait beau jeu de croire que cet élan de banalisation est l’apanage du communisme. Pourtant, en mûrissant, nos sociétés néo-capitalistes ne font pas tellement mieux. Inéluctable, la concentration progressive des pouvoirs dans les mains d’un nombre rétréci d’acteurs économiques aboutit au même processus. La recherche du profit maximal, comme celle du moindre coût, épuise la diversité. Rien ne ressemble plus à une entrée de ville qu’une autre entrée de ville en France, et même leur coeur se vitrifie avec le remplacement du gai petit commerce par l’anonyme froideur des banques et des assurances.
Mais il y a peut-être pire encore. Au Mexique, l’architecte Raphaële Goulet a dressé un constat édifiant, c’est le mot, des récents projets urbains. Regardez le trailer de son document Lucha Libre. Et pleurez d’admettre qu’un regard théorique sur le monde et l’acceptation de ses libres mouvements historiques laissent la même empreinte dans le ciment.