vers Sercaita, Roumanie, août 2010
J’ai pris l’été à contresens, ses voitures-balais dans les dents. Mes soirs de juillet zigzaguent au tonnerre de dieu, le naseau tout embrasé d’écume de fièvre. Quelques nuits, des astres sirotés entre deux battants de porte me donnent parfois l’illusion des sidérales chevauchées. Et tout le jour qui suit, la pluie allonge son galop sur mon échine en toit. Souffles perdus de ne rien dépasser, usés de patience. Ces nuages gonflés de peurs sous-marines attendent la blancheur aiguë de tes talons pour tout déverser. Ta croupe à rebrousse-poil, hue cocotte, ronde d’obscure beauté.
« N’as-tu pas un cheval blanc
Là-bas dans ton île?
Une herbe sauvage
Croît-elle pour lui?
Ah! comme ses crins flottants
Flottent dans les bras du vent
Quand il se réveille!
Il dort comme un oiseau blanc
Quelque part dans l’île. »
(Sabine Sicaud, Le Chemin des Chevaux)