Vingt-quatre heures sur la Baie d’Along, fin juillet 2012, pour entrer de plain-pied dans une carte postale. Myriade d’îlots karstiques qui flottent comme des nuages d’encre et d’émeraude. Quand le ciel s’assombrit, c’est encore plus saisissant.
La baie n’est pas réservée aux seuls touristes. On vit ici, de pêche, sur des villages flottants blottis au pied des falaises, parfois même isolé sur une simple barque au milieu de l’eau.
Un nouveau port au nord du site accueille chaque année des centaines de porte-conteneurs. Le chenal de navigation international qu’ils empruntent est situé en plein coeur de la baie.
En arrière-plan, d’immenses mines de charbon (première ressource énergétique du pays) et les sacro-saintes cimenteries déciment les falaises terrestres qui prolongeaient autrefois les îlots. L’activité du ciment est en train de miter les paysages du nord du pays.
Plus de 600 bateaux sillonnent le site chaque jour. Deux cents y passent la nuit. Chaque année, ce sont plus d’1,5 million de visiteurs qui sont reçus dans la baie d’Along. Les bateaux crachent un diesel puant et rejettent souvent une partie au moins des déchets directement à la mer. Le matin tôt, quand la mer est d’huile, la surface est jonchée de détritus de toutes sortes. Nous n’avons vu qu’un seul agent de nettoyage, armé d’une mince épuisette. Ces « eaux de jade » tant vantées sur les brochures publicitaires sont devenues grises et opaques.
Et pour accueillir toujours plus de touristes, les autorités ont littéralement massacré la côte. La mangrove a été arrachée et la baie remblayée en maints endroits pour faire pousser des hôtels. Le réseau de routes côtières se densifie. D’importants programmes immobiliers sont encore annoncés.
La baie d’Along est classée au patrimoine mondial de l’Unesco et figure parmi les sept « nouvelles merveilles du monde ».