marché flottant de Chau Doc, Vietnam, août 2012
Toute notre vie, nous la passons à essayer de nous représenter ce qui nous dépasse : le ciel, l’horizon, la mort. C’est pour mieux affronter ces mystères insondables que l’on se hisse, qu’on se déplace, ou qu’on boit à la paille, par exemple. Et quand, par la magie de nos gonades, l’amour surgit, on voit en lui le transport idéal pour se rapprocher des étoiles et les déchiffrer enfin. C’est un leurre, bien sûr. L’amour n’était qu’un colifichet qui nous a détournés un instant de l’angoisse de l’écrasement et de la perte. Car l’amour, comme n’importe quelle libellule de son roseau ployant, s’est finalement envolé par-delà l’horizon. Il nous laisse un peu sonné, le front contre la vitre de la cuisine, et nous voilà à recompter chaque soir toutes les étoiles que les épuisettes désabusées de nos rêves à grosses mailles n’ont pas pu retenir.