Massif de Belledonne, Isère, février 2006
Les gens, parfois, sont des miroirs qui nous renvoient violemment ce que nous avions cru cesser d’être. Nous nous étions réconciliés avec nous-mêmes et nous voilà brouillés à nouveau, alourdis soudain d’anciens doutes, lestés de vieilles maladresses. Et alors le sol craque sous nos pas – comme la glace sous les circonvolutions du patineur obstiné.
La membrane est-elle donc à ce point ténue entre le présent qu’on pensait si fiable et le passé presque oublié ? Par quelle porosité secrète les deux chambres de nos vies poursuivent-elles leurs échanges ?
Et ces personnes-là, qui découvrent des pans de chairs affadis ou affaissés, de quel pouvoir sont-elles donc dotées ? On peut se demander si nous ne leur avons pas tendu nous-mêmes une baguette maléfique, pour qu’ils nous somment de restituer le blême éclat qui manque à la vérité de nos cristaux. (février 2006)
[L'enfance, toujours, ici, sur Ecolo-Info]