Dans la nature, on ne sait rien posséder, sinon qu’une étoffe de perceptions, intime et fragile. Les larges foulées entre champs et forêts confinent à l’amour qu’on cède à une femme. La course légère après les papillons dans l’herbe haute de mai, la dérobade entre les chênes à l’affût des glorieux chants d’oiseaux, les bottes alourdies dans les marais grouillants et suintants et toutes ces fleurs qu’on effeuille sans jamais réussir à voler la secrète alchimie de leurs éclats résonnent comme autant de quêtes sensuelles. Même quand le soleil vide de fin décembre ne sait plus éclairer que le sourire creusé de la vieillesse aux écorces, il reste l’odeur puissante de l’humus des talus pour faire monter les écumeux souvenirs.
(avant la lettre, décembre 2004)
[en ces temps familiaux, une évocation de l’enfance sur l’indispensable blog d’Ecolo-Info tous ces jours-ci]