Eléphants d’Afrique de savane (Loxodonta africana), Addo, août 2014 (cliquez pour agrandir l’image)
Sous leur poids le sol se dérobe et les buissons bruyamment s’effeuillent. Un cataclysme? Non. Les pachydermes jardinent sans fin les herbes de la rêverie. La magie de la Nature tient à cela : elle repousse plus verte, un peu plus loin, dans le sillage de leurs promenades digestives. Il n’y a qu’à suivre les éléphants au pas de gym, pour retrouver la mémoire terrestre à sa source d’argile.
Ces placides pachas rythment leurs jours avec les rituels du bain et de la conversation boudeuse. Debout dans la boue des mares, ils se saluent d’un signe amical qui ne trompe personne, remuent leurs oreilles parcheminées, et restent là. Ils attendent. Les éléphants n’en font pas des tonnes. Prudents, les autres animaux se tiennent à l’écart de leurs humeurs cacochymes.
Pas étonnant si leurs territoires en cent ans ont rétréci comme peau de chagrin : le temps des hommes n’est pas celui des éléphants. A l’heure où tout se concentre sous un pouce d’enfant, il n’y a plus de place pour ces convoyeurs de rimes.