Guépard (Acinonyx jubatus), vers Satara, juillet 2014
Les animaux décrochent, on ne les regarde plus. Tombent comme des mouches de leur vacillant piédestal. Ouvrez la fenêtre : nulle hirondelle pour égayer le faubourg déshonoré. Ouvrez un livre : la Nature n’a plus droit de cité. Sauf peut-être dans les ouvrages de Rick Bass et de Jim Harrison, que personne ne lit. Que personne n’a le temps de lire, ni surtout coeur à découvrir. Le coeur? Mais où bat-il déjà? La conscience du vivant qui nous entoure se dilue par écrans interposés. Cette matière brillante qui nous reflète et nous absorbe en Narcisses pixellisés. Au rythme que les micro-processeurs imposent, nous allons nous désincarner. Et précipiter le désastre. Le Guépard n’est pas de taille à combattre cet univers indifférencié. Il rejoint le statut de bête curieuse. On va lui faire sa peau mouchetée.
Il reste 10 à 15 000 Guépards dans le monde, d’après le Cheetah conservation fund, contre 100 000 il y a cent ans. Les experts ont programmé sa disparition à l’état sauvage d’ici 15 à 20 ans.