Alouette du Karoo – Karoo Lark (Certhilauda albescens) dans son milieu, Karoo national park, août 2014
Matin dans la steppe herbue. Deux lions s’ébrouant près de la piste, un rhinocéros isolé loin sous la crête. Une petite troupe d’oryx à la robe presque rose paît entre les cailloux. Et les oiseaux. Partout, qui tressent leurs chansons dans la lumière dorée, comme au premier matin du monde, étourdis par la conquête de leur coin de nature pour y convoler et couver. Les alouettes, d’une myriade d’espèces aux subtiles variantes, sont perchées chacune à son poste, jamais loin du buisson qui abritera leur noces. A chaque strophe elles manquent de faire éclater leurs jabots. Chants pour affirmer son plus farouche désir d’existence, chants pour défier les rivaux, chants pour appeler sa promise. Tout s’arrêtera vers neuf heures, comme si un mystérieux signal l’avait ordonné. Les chants se taisent, les alouettes se faufilent sous les bouquets d’herbes et cette steppe, qu’ici on appelle veld, ressemble bientôt à un désert. Ah! non. L’ombre noire d’un aigle de Verreaux a surgi de la falaise. Le rapace tournoie sous le soleil, ses larges ailes comme deux drapeaux effrangés. Il est bientôt suivi par deux autres dans sa ronde, inspirés par l’air chaud qui commence à monter. C’est l’heure d’autres quêtes, plus solennelles et silencieuses, appels recueillis à la beauté vierge des lieux.