à part soi

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couronnement d’hébétude

couronnement d’hébétude

Grand Koudou mâle (Tragelaphus strepsiceros), vers Olifants, juillet 2014

Le soleil s’étant soudain retiré du jeu, il appartint au ciel seul de faire toute la lumière sur ce qu’il restait à voir dans l’espace béant qui séparait la piste de l’horizon. D’un geste dérobé, l’instant jeta son voile blafard au travers duquel le plateau semblait tremper dans l’ambre antédiluvienne et toute impression de relief fut mise à néant. Nous eûmes à penser que l’Afrique s’appesantirait rapidement dans ce crépuscule laissé pour compte et qu’aucune bête ne jaillirait plus des brousses, sinon le rire ostentatoire d’une hyène en maraude comme la nuit précédente s’en était imprégné jusqu’à suggérer au coeur de notre sommeil des chimères de disgrâce. C’est à ce moment précis que, sur l’ultime coude de notre tracé, à quelques encablures du camp d’Olifants, une secouante embardée dans la poussière encore tiède nous sauva d’une funeste collision avec une girafe plantée au milieu. La fatigue et l’émotion accumulées au fil de la journée venaient de dissoudre sur mon front poisseux les derniers grammes de vigilance que la route encore dangereuse exigeait de mobiliser. Tout se passa si vite que je ne sus m’excuser auprès de la brouteuse haut perchée, déjà rendue à d’autres frondaisons d’acacias un peu plus loin. Témoin de la scène, ce grand kudu m’asséna un regard hautain, celui-là même qu’infligent à un pauvre hère malhabile jeté dans une soirée trop guindée les gardes-chiourmes devant des pyramides de petits fours inaccessibles.