La Havane, août 2015
Maintenant que toutes les horreurs ont été commises, toutes les erreurs étant pointées, maintenant qu’on sait qu’il n’y aura pas plus de vainqueurs que de perdants, tous dans le même bateau (citoyen) sur la même mer (intranquille), maintenant que les filets du pêcheur ne ramènent plus rien qu’un peu d’espoir (fugace), il serait (plus que) temps de se poser un peu pour contempler ses couleurs et de faire de cet espoir-là une énergie (renouvelable) pour réinventer demain. (Disons mercredi.)
Dont acte : si cette COP21, qui oindra de vert pâle l’infatué costume de quelques-uns, inspire d’abord ma méfiance, l’événement a toutefois le mérite de remettre l’écologie et la planète au premier plan des préoccupations. Parce qu’elle est la racine des valeurs morales et notre plus beau dénominateur commun, la cause environnementale ouvre la seule porte de sortie, ou plutôt d’entrée vers un monde enfin vivable. Ne nous trompons pas de sens. La tragédie indonésienne de ces derniers mois ressemble dans sa violence ultime aux carnages de Paris : des événements commandités par le même fanatisme aveugle, qui financier, qui néo-religieux, dans tous les cas pré-civilisationnel. Qu’est-ce que l’Histoire a-t-elle donc oublié de nous apprendre? Une seule cause façonne les pires atrocités de ce siècle mal embarqué : le néant culturel. Le vide synaptique sous ses multiples avatars : la suprématie des experts (une forme de fondamentalistes), la frénésie consumériste (des pâtes à tartiner le mensonge), l’individualisme outré (le soi à part, en quelque sorte), tous ces maux qui compartimentent la connaissance universelle ou l’appauvrissent, jusqu’à ne laisser régner que la peur. On prendra donc la COP21 comme un microscope branché sur les pathologies de nos dirigeants mondiaux, en souhaitant à de réjouissantes initiatives d’encourager les rémissions, en guettant aussi les risques d’aggravation, et en questionnant, infatigablement, le ciel au-dessus de nos têtes grises : y aura-t-il de la neige à Noël au Groenland?