L’Estartit, Espagne, décembre 2015
Fin d’une année dépouillée de tout idéal. La plus brûlante, et les météorologistes ne sont pas les seuls à l’avoir mesuré. Se souvenir alors de Walter Benjamin, juif de Berlin exilé, qui fit des quarante-huit années de sa vie un passage hors du temps. Il aima les femmes et les villes, dit-on, et écrivit beaucoup sur la société des hommes. Critique d’art, historien, Benjamin résuma sa méfiance vis-à-vis de la violence cachée de l’Etat, qui « étend de manière arbitraire son pouvoir sur les individus », en des phrases fulgurantes comme des comètes, avalées dans la nuit noire du spleen.
Faire briller ces phrases au hasard d’une lecture tombée là. Retenir en vrac qu’il n’accorda jamais sa confiance à un parti. Surtout pas à la social-démocratie, « embourbée dans ses contradictions et ses mensonges humanistes », pas plus qu’à aucune révolution, qui ne peut être à la hauteur des enjeux dont elle se réclame. Tiens, selon Walter Benjamin, seule « la violence a le pouvoir de détruire la violence ». Est-ce pour cela qu’il s’est donné la mort, en septembre 1940, à la frontière franco-espagnole? C’est toujours très romantique, une frontière, surtout au bord de la mer. On annonce l’arrivée du froid début janvier.